L'urée en sursis
En nette augmentation la campagne passée, l'utilisation d'urée est néanmoins menacée par le Plan de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prépa).
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«Habituellement, on observait plutôt un développement de la solution azotée liée à la présence des Etats-Unis sur le marché, constate Thierry Loyer, président de l'Unifa, mais la campagne passée, cela a été davantage sur l'urée, dont les prix étaient très bas jusqu'à cet été. » Pourtant, la France compte bien limiter les utilisations d'urée, en s'appuyant sur le Plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prépa), échafaudé en urgence sous l'ancienne mandature. Publié au JO le 11 mai, daté du 10 mai et signé de la main de Ségolène Royal.
Un texte moins sévère que prévu
Pour ce qui concerne les aspects relatifs à la fertilisation minérale, il est question de « réduire la volatilisation de l'ammoniac provenant des fertilisants minéraux en réduisant leur potentiel émissif, en encourageant leur substitution par des formes d'engrais azotés moins émissives et en adaptant les pratiques et modalités d'apport ». Il s'agit de contribuer à faire baisser de 13 % les émissions d'ammoniac en 2030 par rapport à 2005. Les textes finaux s'avèrent moins sévères que prévu. L'arrêté soumis à consultation parlait « d'interdiction à partir de 2019-2020 de l'utilisation de l'urée permanente ou de février à avril ou de l'autorisation sous certaines conditions permettant sa volatilisation », ce qui était pour le moins nébuleux. Le définitif autorise finalement l'urée « sous certaines conditions, afin de limiter de février à avril, sa volatilisation selon des modalités définies dans un guide de bonnes pratiques ». Lequel devra être élaboré rapidement car « l'échéance européenne de 2020 sur le plafond d'émissions d'ammoniac (- 4 % par rapport à 2005) n'est pas en passe d'être respectée », rappelle Philippe Eveillard, de l'Unifa. L'AGPM, très concernée, se dit prête à travailler sur une approche fondée sur les bonnes pratiques et l'innovation. « Le Prépa est en train de taper à côté, s'étonne Jean-Luc Pradal, DG de Fertiberia. Le vrai problème des pics de pollution dans le Bassin parisien, c'est uniquement lié aux épandages de solution azotée. » Enfin, l'arrêté n'évoque plus « la taxation ou modulation de la fiscalité des engrais azotés en fonction du potentiel de volatilisation de l'engrais » en tant que telle, mais seulement une étude comprenant « un parangonnage » sur les dispositifs équivalents dans le reste de l'Union européenne.
Le Prépa en stand-by
« Aujourd'hui, observe Florence Nys, déléguée générale de l'Unifa, ce n'est pas un sujet dont on parle », faisant remarquer que toute l'administration est plongée dans les Etats généraux de l'alimentation. Force est de constater que les travaux ont été suspendus. Pourtant, le sujet de « la réduction des quantités d'engrais azotés » devait à l'origine être abordé dans les EGalim au niveau de l'atelier 11 « Réussir la transition écologique et solidaire ». Nicolas Hulot a néanmoins tenu le premier Conseil national de l'air 2017 le lundi 30 octobre et a rappelé son objectif de renforcer la mobilisation dans tous les secteurs concernés par la qualité de l'air.
Réexamen de la directive nitrates
« Quoi qu'il en soit, il faut se préoccuper de ce sujet-là, car il réapparaîtra », insiste Thierry Loyer. L'Unifa est d'ailleurs en train de préparer des scénarios (enfouissement de l'urée, emploi d'inhibiteurs d'uréase...), dans le but de discuter avec des éléments tangibles. Le réexamen (qui démarre) des programmes régionaux d'actions dans le cadre de la directive nitrates va-t-il relancer le sujet ? En tout cas, le contentieux ouvert contre la France par la Commission européenne étant clos depuis le début de l'année, le sixième programme d'action pour la période 2018-2022 ne devrait pas connaître de changement radical au niveau national.
Sous l'effet d'une parité euro-dollar favorable aux importations, la campagne 2016-2017 a vécu une forte poussée de l'urée.
C. THIRIET
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